Les sciences sociales se sont très largement interrogées sur la genèse ou les effets du droit. De manière générale, parce que les règles constituent un élément incontournable de nos façons de vivre ensemble. Et de manière spécifique, parce qu'elles trament la multitude des sphères ou des domaines qui concernent nos vies. Mais comment le droit parvient-il à s'imposer comme un objet de nos attentions ? Comment devient-il un élément constitutif de nos actes ? Une réponse, largement partagée, invite à considérer le droit et sa « force » depuis les régularités sociales qu'il produit (stabilisation de l'ordre social, rapport aux normes, distribution des pouvoirs, etc.) et les acteurs spécialisés - professionnels ou non - qui concourent à son application. Mais si le droit a effectivement un effet, s'il est un arrière-plan valide du monde social qui oriente nos pratiques à défaut de les déterminer, c'est aussi parce que son pouvoir existe à travers des lieux, des traces, des dispositifs matériels, des rappels sensibles, des objets, des équipements, des appuis, etc. : un ensemble de saillances perceptibles participant de son ontologie et qui forment autant de plis dont tout enquêteur peut se saisir pour mieux appréhender sa consistance.